Des marées illusoires.
Effet catharsique de la création. Histoire d'oublier le reste. S'attarder sur une feuille qui finira de toute évidence au fond de la corbeille, finir un carnet, chercher les espaces.
Déchirer son corps. A quoi bon l'écouter, je n'en veux plus depuis longtemps. C'est surtout sa faute, si l'on souffre. Que ça soit moral ou non, c'est toujours par le corps qu'on veux balancer sa douleur, comme on balance des cailloux dans toutes ses rivières et ses vagues qui bercent et nous emportent.
L'ôter, comme on enlève une seconde peau, un mauvais costume où l'on a trop transpiré, où l'eau corporelle s'est déposée, où le parfum de la peau a laissé sa trace. Je me dis ça, avant d'aller dormir. Oh, j'aimerais enlever mon costume. Mais je trouve pas la fermeture éclair. Je la cherche, pourtant, je vous jure.
J'ai peint, j'ai déchiré.
J'ai écrit, j'ai brûlé la majeure partie.
J'ai dessiné, j'ai jeté.
J'ai photographié, j'en ai gardé trois. Sur vingt-six.
J'ai des idées, mais elles sont toujours les mêmes.
Je suis polluée.
Incapable de me réveiller de ce triste sommeil, la souffrance, des traces, partout, m'encombrent, m'aveuglent. Comme si les empreintes qu'on laisse sur les dunes d'idéaux futurs étéaient devenues éternelles.